VIGNE Margaux

Expérimentation institutionnelle et rôle du chercheur-praticien dans les processus de projets

Directeurs de thèse : Elisabeth PASQUIER et Laurent DEVISME
Laboratoire CRENAU– ENSA Nantes – ED DEGEST
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Expérimentation / Implication / Processus /Temporalités /Rôles / Espaces verts

RÉSUMÉ :
Paysagiste et doctorante en 1e année, j’explore la notion d’expérimentation institutionnelle dans le cadre de la fabrique des espaces verts et étudie des projets dans lesquels sont mises en œuvre par la maîtrise d’ouvrage des phases d’expérimentation in situ en amont de l’aménagement de parcs urbains, combinant participation du public, préfiguration, expérimentation et occupation temporaire. L’objectif est de questionner les impacts de ces expériences sur les phases plus classiques leur faisant suite (conception, chantier, gestion). On prend comme objets d’études des projets en cours, à travers des questionnements sur les temporalités et les méthodes.
Le point que je choisis de développer ici est la variabilité de mon positionnement et de mon implication en tant que chercheuse. À Bruxelles, le projet est dans une phase active, le site investi quotidiennement, l’entrée dans le terrain et l’investissement dans le projet se font via une observation participante auprès des associations et habitants, de manière assez informelle mais très investie. À Nantes, le projet est en cours de programmation en interne à la maîtrise d’ouvrage publique, et l’aménageur encourage mon implication dans le processus en tant que chercheuse dans un contexte beaucoup plus cadré et formalisé. Mon positionnement et les interactions entre projet et recherche varient donc selon les cas et il semble important d’analyser ce que cela produit.
Par ailleurs, les méthodologies et les protocoles sont, de la même manière, très différents dans les deux cas. Le choix est fait de typifier des positionnements très différents en tant que chercheur, dans les deux cas dans le cadre de projets en cours où ma présence et ma recherche ont une influence certaine. Cela amorce donc également une réflexion sur la diversité des questionnements induits et des connaissances produites par ces différents positionnements. Les questions soulevées par le fait de s’investir activement en tant que paysagiste-chercheuse dans des projets en cours permettent ainsi d’aborder un certain nombre d’enjeux méthodologiques liés à la recherche urbaine.
Comme le soulignent JP. Boutinet ou A. Findeli, le projet ne se réduit pas à la conception et à la dimension créative, mais constitue plus largement un régime d’action collectif « orienté-futur ». De plus, on observe une grande contiguïté entre le champ de la recherche urbaine et celui de la production urbaine. Comment trouver une place dans les processus de projet en tant que paysagiste-chercheuse ? Quels rôles sont possibles aux côtés de la maîtrise d’ouvrage ? Comment construire une critique intégrée et une théorie située ? Les projets sont ici à la fois des terrains et des laboratoires ; le terrain devient une expérience sociale et professionnelle, une expérimentation méthodologique, et le chercheur un « homme pluriel » (B. Lahire) qui doit trouver sa place dans la ville en train de se faire (cf. l’ethnographie « in the making » de S. Tonnelat et I. Joseph ou les écrits sur la sociologie coopérative). Entre le précédent d’une expérience pratique et une progressive acculturation scientifique dans le cadre d’une recherche doctorale, se joue donc aussi l’expérimentation d’un positionnement professionnel hybride, peut-être propre aux chercheurs praticiens.