Présentation

 Rencontres doctorales en architecture 2015
03 – 04 – 05 septembre

à l’ École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille (ENSA-M)

Le projet et la recherche : quels positionnements méthodologiques et épistémologiques sont-ils pratiqués en architecture, paysagisme, urbanisme, design ingénierie? Comment cela est-il vu par les sciences humaines, les sciences de l’ingénieur, l’épistémologie, … ?

Organisation :
PROJECT[s] – Laboratoire de l’ENSA-M
ENSA-M – École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille

Avec le soutien de :

MCC – Ministère de la Culture et de la Communication
BRAUP – Bureau de la Recherche Architecturale, Urbaine et Paysagère du MCC
UMR-MAP – CNRS – École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille
INAMA – École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille
LIEU -Laboratoire de l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional
ENSP – École Nationale Supérieure du Paysage – Versailles/Marseille
IMVT – Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires

 

Les rencontres doctorales en architecture, initiées à l’ENSA de Nantes en 2011 puis rééditées à l’ENSA Paris-Belleville en 2013, ont connu un large succès auprès des doctorants et des directeurs de thèse.
Le Bureau de la Recherche Architecturale, Urbaine et Paysagère (BRAUP) du Ministère de la Culture et de la Communication a chargé le laboratoire PROJECT[s] de l’ENSA-Marseille d’organiser les prochaines rencontres qui se tiendront les 03, 04 et 05 septembre 2015 à Marseille.

La position du projet dans la recherche est au centre de ces Rencontres.

Si l’architecture est la discipline hôte de ce séminaire, le comité d’organisation a souhaité ouvrir la réflexion aux autres disciplines de projet qui œuvrent dans le développement durable du cadre de vie : le paysagisme, l’urbanisme, l’ingénierie et le design. Il a souhaité que les disciplines qui analysent le projet par le comportement de leurs auteurs ou l’étude de ses résultats – psychologie, sociologie, géographie, histoire,… – puissent aussi apporter leur contribution.
Dans les faits, les communications provenant d’autres disciplines ne sont pas très nombreuses. Les 43 communications retenues sur 62 se répartissent ainsi :

image1

 

Il est à noter que la moitié des communications en architecture concernent des projets urbains ou territoriaux. Seulement 1/4 des communications s‘intéressent à l’architecture de l’édifice, ce qui est assez surprenant.

Deux appels à communication ont été ouverts, l’un aux doctorants et l’autre à leurs directeurs de thèse.

1 Projet et recherche

Dans ses ouvrages fondamentaux sur les « conduites à projet », J.P. Boutinet, psychosociologue, caractérise le projet par la conception et la réalisation d’un objet par un auteur individuel ou collectif (Boutinet, 2014).
S’il reconnaît à l’architecture d’être à l’origine de la « figure du projet », grâce à l’invention des moyens de représenter cet objet devant être réalisé (en l’occurrence la perspective de Brunelleschi à la Renaissance), il montre aussi que la pratique du projet a largement prospéré depuis, et que d’autres disciplines s’en sont emparées à leur tour.
Dans la famille des « projets d’objets et d’action » de la taxinomie de JP Boutinet, nous n’avons aucune difficulté à situer ceux qui concourent au développement durable du cadre de vie de l’homme et de ses sociétés. A l’architecture nous pouvons associer le paysagisme, l’urbanisme, l’ingénierie et le design qui mobilisent un grand nombre de savoirs : savoirs propres à chaque discipline, savoirs partagés entre elles, savoirs empruntés à d’autres.
Suite aux accords de Bologne qui voient la généralisation de la formation doctorale, le rapport entre le projet et la recherche est questionné dans la plupart de ces disciplines. Il l’est en particulier en architecture en France, parce que le doctorat n’existait pas alors, mais aussi dans les pays où l’architecture est depuis longtemps considérée comme une discipline universitaire. Cette question est latente dans plusieurs séminaires (Sint-Lucas, 2005), puis explicitement posée dans le séminaire de l’ENSA-Grenoble (ENSAG, 2008).

Les Rencontres Doctorales de Marseille seront l’occasion de poursuivre cette réflexion collective. Plusieurs questions se posent ainsi : où en est-on aujourd’hui en architecture et dans les autres disciplines du projet quant à la production de la recherche ? Quel est le rôle épistémologique du projet ? Comment se positionnent les doctorants et leurs directeurs de thèse ?

2 L’appel aux doctorants

L’appel à communication s’adressait prioritairement aux doctorants et aux jeunes docteurs ayant soutenu leur thèse en 2013 et 2014, accueillis au sein d’un laboratoire de recherche d’une école d’architecture, d’un institut d’urbanisme ou d’une école de paysage.

L’appel invitait les candidats à construire leur problématique selon la grille ci-dessous, qui bien sûr n’est pas exhaustive :

1. – Le projet comme objet d’étude.

Le projet, comme représentation/modélisation d’un artefact à réaliser, peut être observé, décrit, caractérisé et typé, tout comme le projet en tant que processus sous l’angle de sa conduite, des stratégies et méthodes qu’il mobilise. Comment constituer les corpus et les méthodes d’observation, qu’elles relèvent de l’histoire comme de l’observation de pratiques de projet en cours ? Comment ce type de recherche sur le projet s’appuie-t-il et renseigne-t-il les champs de la pratique professionnelle et de la pédagogie ? La difficulté épistémologique de cette position de recherche, en surplomb d’une activité de projet, est de tenir la distance classique entre l’observateur et son objet d’étude et la proximité nécessaire pour pénétrer l’intimité d’un processus complexe.

 Ohio 1999 (Doctorates in Design Conference); La Clusaz 2000 (Foundations for the Future: Doctoral Education in Design Conference); Delft 2000 (Research by Design Conference); Montreal 2002 (Conference on Design Theory and Methodology); Stockholm – Helsinki 2003 (Four Faces: The Dynamics of Architectural Knowledge); Tokyo 2003 (Asian Design Conference – Doctoral Education in Design); Marseille 2004 (La Question Doctorale); Delft 2004 (Conference on Research and Design); Grenoble 2008 (Modèles, references et analogies dans les conduites à projet).

2. Le projet comme dispositif dans un protocole de recherche.

La pratique de projet peut-elle être considérée comme un moyen de recherche ? Il est courant en informatique, par exemple, qu’une recherche sur les langages s’appuie sur la réalisation d’un logiciel pour vérifier la performance des algorithmes élaborés par la théorie. Dans nos disciplines, sous quelles conditions la recherche peut-elle s’appuyer sur une pratique de projet qui ne viserait pas l’expression d’une personnalité de créateur, mais l’expérimentation d’un nouveau dispositif spatial ou d’une nouvelle méthode? Peut-il être mobilisé dans un protocole d’innovation architecturale comme un processus heuristique? Ou encore servir de banc test dans une recherche applicative ? Dans ces cas, quelles sont les conditions et les consignes données aux concepteurs, comment procède-t-on au suivi du protocole et comment évalue-t-on des résultats obtenus ? Cette position active du projet dans une recherche met en question le rapport du chercheur avec son objet de recherche et pourrait croiser ce que les sciences humaines ont pu désigner comme « recherche action» (Liu, 1997).

3. Le projet vu comme lieu de production de connaissances.

Il s’agirait ici de se référer à ce que D.Schön décrit comme une recherche réflexive (Schön, 1993) et qui, pour JP Boutinet, relèverait de la praxéologie (Boutinet, 2008), c’est-à-dire une science de l’action qui articulerait la pratique du projet à la construction de sa connaissance. Ce type de recherche peut être menée par le concepteur lui-même, ce qui est difficile en termes épistémologiques, comme par une équipe qui l’aide à porter l’exercice de réflexivité au sein d’un protocole de recherche. Mais il n’est pas sans ambiguïté. Certains professionnels pourraient réduire la recherche à la seule explication raisonnée de leurs propres manières de conduire un projet. Au pire, certains pourraient chercher à ériger leur doctrine de concepteur en une forme de théorie universelle. Pourtant, c’est probablement par ce type de recherche que l’intimité du processus de projet peut être dévoilée. Comment alors éviter l’auto-justification au profit d’une problématisation et d’une exigence scientifique dans la théorisation de connaissances ?

En ce qui concerne la répartition des communications, l’essentiel des thèses pose le projet comme objet d’étude, puis pour 1/3, ce sont des dispositifs et enfin 5/43 envisagent le projet comme lieu de production de connaissances. Ceci n’a rien de vraiment étonnant quand on rapproche la difficulté épistémologique croissante entre ces trois catégories.

image2

Les sessions ne sont pas organisées selon les trois types de rapports entre recherche et projet. Elles ont été réparties par affinité de thème créant ainsi l’occasion de discussions entre les doctorants sur leurs méthodes respectives.

3 Le séminaire des directeurs de thèse

L’appel à communication s’adressait aussi aux directeurs de thèse. Il nous semble en effet intéressant de reprendre la discussion sur les positionnements précédents, entre projet et recherche, à partir des expériences d’encadrement dès lors qu’ils ont été confrontés à la clarification de la position épistémologique et méthodologique des doctorants.

Quels ont été leurs arguments, y compris pour accepter ou refuser des VAE pour des professionnels qui prétendent accéder au grade de docteur ?

Les cinq communications proposées font état des spécificités de la thèse en architecture et de la nécessité de développer des modalités d’investigation propres à la discipline.

4 La rencontre des directeurs de laboratoires des écoles d’architecture

La réunion annuelle des directeurs des unités de recherche des écoles d’architecture se tiendra le samedi 05 septembre de 14h00 à 17h00 à l’ENSA Marseille. L’ordre du jour abordera les suites du rapport Feltesse 2013 et du rapport d’inspection générale IGAC/ENR 2014, relatives aux réformes statutaires au sein des ENSA.

Cette réunion clôturera les Rencontres Doctorales 2015

5 Travaux cités

Boutinet, J.-P. (2008, 02). Projet architectural, projet de formation, projet de recherche. Consulté le 2014, sur http://www.grenoble.archi.fr/pdf/etudes/Seminaire_doctoral_Espace_Matieres_Societe.pdf:

Boutinet, J.-P. (2014). Psychologie des conduites à projet . Paris: Poche.

ENSAG. (2008, 02). Seminaire_doctoral_Espace_Matieres_Societe. Consulté le 12 15, 2014, sur www.grenoble.archi.fr:

http://www.grenoble.archi.fr/pdf/etudes/Seminaire_doctoral_Espace_Matieres_Societe.pdf
Liu, M. (1997). Fondements et pratiques de la recherche-action. Paris: L’Harmattan.
Schön, D. (1993). Le praticien réflexif. À la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel. Montreal: Éditions Logiques.

Sint-Lucas. (2005, 04 14). Proceedings of the colloquium ‘The Unthinkable Doctorate’. A télécharger

logo BRAUPlogo ENSA_MLogo PROJECTs