THIOLLIERE Pascaline

Seuils, rythmes et gestes dans le contexte urbain de l’espace funéraire

Directeur de thèse : Grégoire CHELKOFF
Laboratoire CRESSON – ENSA Grenoble
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Mort, Deuil, Mémoire, Intime, Cimetières, Espace public, Accompagnement, Ambiance, Seuil, Geste, Rythme, Prospective

RÉSUMÉ :
Ce travail de thèse se penche sur le contexte urbain de l’espace funéraire en s’appuyant sur différents exemples en France et en Europe occidentale. Il s’agit d’évaluer le potentiel qu’offrent aux usagers ces espaces et leur milieu en terme d’accompagnement au processus de deuil et de mémoire. Pour cela, nous avons étudié les éléments caractéristiques de ces espaces (installations, dimensions, contours, seuils, perméabilités, accès, cheminements, matérialités, dispositifs affordants, cohabitations, temporalités…) et effectué des entretiens sur l’expérience spatiale du deuil et du souvenir, afin de mettre en évidence les relations entre mise en forme, mise en geste, ambiance et expérience.
En s’appuyant sur les conclusions des phases d’analyses théoriques et empiriques, cette thèse vise à tester par une démarche de projet sur un territoire donné au sud-est de la métropole grenobloise de nouvelles mises en relation possibles entre les espaces funéraires existants et de nouveaux dispositifs d’accompagnement au deuil et à la mémoire (cheminements interstitiels, stations de recueillement, d’expression, de communication, d’accès à des données personnelles…) visant à désinsulariser ces espaces.
En effet, si la gestion des corps morts et des traces mémorielles qui préfigure la forme des cimetières français a été largement déterminée par la pratique de l’inhumation en pleine terre ou en caveau, depuis quelques années les taux de crémation ont rattrapé et même dépassé les taux d’inhumation dans certaines régions urbaines et les pratiques funéraires se sont largement diversifiées, invitant concepteurs et gestionnaires à réinterroger le rôle et la forme de l’espace funéraire.
La cendre soulève les contraintes d’hygiène et de distance qu’impose la décomposition du cadavre ainsi que les contraintes de place que cette décomposition occupe pendant un temps plus ou moins long. La pratique de plus en plus courante de la dispersion des cendres amène à une dématérialisation de la sépulture, et le développement de réseaux sociaux et de cimetières numériques permet de nouveaux rapports entre les vivants et les morts qui se détachent des lieux.
Ces transformations des pratiques, si nous les considérons au regard des connaissances sur les processus de deuil (cheminement et étapes marquées par des actes et des gestes individuels et collectifs) et de mémoire (rôle du corps et de l’espace, réminiscences), amènent à envisager la distinction entre l’espace des vivants et l’espace des morts sous un nouveau jour. De la même manière, la dualité entre espace public et espace intime se trouve bousculée.
Les notions de seuil, de rythme et de geste sont au cœur des scénarios que nous déroulerons à partir d’un travail de projet aux échelles du dispositif, de l’urbain et du territoire.
La phase de projet est un dispositif dans le protocole qui permet de prolonger la recherche vers un travail prospectif croisant les problématiques autour de l’évolution du domaine funéraire avec celles qui concernent la mutation urbaine dans le contexte d’une attention grandissante aux écologies et complexités urbaines (ambiances urbaines, continuités écologiques, biodiversités..).

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