Le projet urbain face à la décroissance urbaine: objet d’étude émergent dans la recherche architecturale
Directeur de thèse : Catherine MAUMI
Laboratoire MHAevt – ENSA Grenoble – ED 454
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Décroissance urbaine, Projet architectural et urbain, Processus de projet, Analyse, France, Allemagne, États-Unis
RÉSUMÉ :
Les recherches sur la décroissance urbaine et le concept de shrinking city ont émergé dans les années 1970, face au processus conjoint de déclin économique et démographique qui marquait certaines villes de grandes régions industrielles. Depuis, les cas se sont multipliés et font l’objet de nombreux travaux de recherche pluridisciplinaires (géographie, urbanisme, sciences politiques …) analysant les mécanismes de la décroissance et les réponses apportées en terme de politique urbaine. L’intérêt de la recherche architecturale pour ce sujet a pris un tournant important au début des années 2000 avec les travaux du groupe de recherche Shrinking cities, dirigé par l’architecte Philipp Oswalt. La mise sous les projecteurs de cas extrêmes comme Detroit a accru l’intérêt porté pour la décroissance urbaine et a construit un nouvel imaginaire urbain pour les architectes, les urbanistes ou encore les paysagistes. La ville en décroissance est alors envisagée comme terrain potentiel pour de nouvelles expérimentations architecturales et urbaines. Aujourd’hui, l’architecte apporte ses connaissances, ses méthodes et ses outils dans l’analyse de ces territoires. Son approche du territoire par le projet lui permet d’ouvrir les débats sur la fabrique de la ville et d’apporter un regard prospectif, à l’interface entre politiques publiques et initiatives habitantes.
Notre recherche de doctorat en architecture s’intéresse plus particulièrement à la pratique du projet urbain par l’architecte, pour accompagner les villes en décroissance dans leur transformation physique, économique et sociale. Ces contextes contraints (limites des capacités humaines, matérielles et financières des acteurs publics, privés et habitants, dégradations avancées du bâti, vacances importantes …) demandent d’intervenir mais interrogent les processus traditionnels de projet. La recherche pose ainsi les questions suivantes. Dans quelle mesure penser les villes rétrécissantes permet : d’élaborer de nouvelles pensées architecturales (langages architecturaux, morphologies et typologies urbaines, etc.), d’explorer de nouvelles formes d’habiter les territoires par l’homme (modèles urbains, paysage, échelles spatiales et temporelles, mode de vie, etc.), de réinterroger le rôle de l’architecte ?
La communication présentera les enjeux liés à l’étude du projet urbain dans la recherche sur la décroissance urbaine et les projets choisis pour mener ce travail. Il s’agit d’une sélection de six projets, projetés ou réalisés, se trouvant dans des tissus urbains et des pays différents. Nous expliciterons les critères de sélection et montrerons la nécessité de constituer un corpus qui présente une diversité des contextes. L’enjeu du travail n’est pas une étude comparative des projets mais leur mise en discussion pour comprendre l’impact du cadre politique, socio-économique et de l’environnement urbain sur le processus de projet ainsi que la capacité des projets à amorcer une transformation du tissu urbain (parcelle, bâti, usages, paysages, etc.) et de la ville. Nous expliciterons aussi les méthodes d’analyse et les premières pistes issues de ce travail.