PECQUEUX Clément

Le projet comme révélateur d’un “entre-deux stratégique” pour l’action sur les territoires ?

Directeur de thèse : Stéphane HANROT
Co-encadrant : Muriel GIRARD
Laboratoire Project[s] – ENSA Marseille – ED355
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Projet territorial, Complexité, Acteurs, Stratégies, Pédagogie

RÉSUMÉ :

Nous approcherons la question du projet comme objet d’étude par celles des stratégies et des méthodes mobilisées dans les grands projets territoriaux. Nous nous donnerons, à travers deux exemples de projets d’échelles différentes de comprendre deux approches « complexité des systèmes territoriaux » [MOINE, 2006] dans l’acte du projet.
A travers l’exemple de l’Opération d’Intérêt National Paris-Saclay, nous montrerons les rôles et les compétences des architectes [CHADOIN, 2013], à la fois « auteurs » et « acteurs » du projet territorial [BOUTINET, 2014]. Ceux-ci, pris dans un système d’acteurs décisionnaires quasi unilatéral approchent cette complexité en développant un mécanisme de filtrages successifs des réalités territoriales et des problématiques qu’elles portent [MOINE, 2006]. In fine, le risque d’un tel mécanisme réside dans l’éloignement des actions vis-à-vis des réalités territoriales par abstractions successives. Alors, les projets « appliqués aux territoires », les systèmes descendants de décisions, mènent à des impasses et des blocages des dynamiques de projet [MELE, 2004]. Un manque de prise en compte, en amont du projet, des positions des acteurs locaux et des effets sociaux des politiques de développement [NAVEZ-BOUCHANINE, 2012] favorise la constitution de lieux de friction territoriale, lieux de fortes tensions cristallisant les contestations et marquant une rupture de dialogue entre les acteurs.
Il semblerait donc pertinent de s’interroger sur des processus de projet qui soient davantage en phase avec des réalités territoriales mieux intégrées et des dynamiques de changement territoriales « en train de se faire » portées par les acteurs locaux. Nous aborderons ainsi les processus de projets territoriaux qui articulent des dynamiques de planification institutionnelle et des situations de projets ultra-locales. Le projet de la Vallée de l’Huveaune à Marseille nous permettra d’expliquer en quoi l’élaboration d’une « stratégie intégrative » permet une articulation entre enjeux locaux et dynamiques globales dans un contexte de commande spécifique [INSARTIS-INAMA, 2010]. La conciliation de ces deux stratégies visant un même territoire – une stratégie descendante (“top-down”) imposée par la puissance publique et une stratégie ascendante (“bottom-up”) soutenue par des regroupements d’acteurs locaux – semble alors pouvoir émerger. Nous nous donnerons ici de mesurer la portée de ce processus à travers le temps afin d’en mesurer la « persistance » des qualités et la « pertinence » dans ses évolutions.
Finalement, ce travail nous permettra de questionner la reconnaissance d’un « entre-deux stratégique », qui se formerait ainsi. Nous proposerons de discuter la capacité d’un tel processus à être support d’un système participatif – non autoritaire et amont au déroulement du projet – permettant un renouvellement du territoire garant de l’intérêt général, tout en valorisant les positions et compétences de l’ensemble des acteurs dans le temps.