MAMOU Khedidja

Se représenter le projet urbain : les habitants et les supports visuels participatifs

Directeur de thèse : Agnès DEBOULET
UMR CNRS 7218 LAVUE – CRH – ENSA Paris-Val de Seine – ED 395
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Projet urbain – Participation – Représentations visuelles – Echange

RÉSUMÉ :
La participation accompagne dorénavant la plupart des projets de transformation architecturale et urbaine (Bacqué, Sintomer, 2011). S’il reste difficile de mesurer les effets de cette participation sur les transformations « spatiales », ceux portant sur les processus de collaboration et de définition du projet ont fait l’objet de nombreuses recherches (Devisme 2007 ; Conan, 1990). Pour autant, aucun de ces travaux ne porte précisément sur les représentations visuelles de l’espace, alors que le propre du projet urbain est de s’appuyer sur ce type de support visuel (Masboungi, McClure, 2007 ; Faraldi, 2005) et qu’un des objectifs de la participation est la construction d’une « vision collective territorialisée ». Le constat est assez unanime : les profanes parviennent difficilement à lire les représentations graphiques de l’espace, et les enjeux qu’elles représentent.
La thèse sur laquelle s’appuie cette proposition de communication porte sur des processus participatifs autour de projets urbains franciliens contrastés : éco projet et projets de rénovation de quartiers populaires. Les dispositifs retenus pour l’enquête ont été choisis en fonction d’une volonté affichée des professionnels en charge de l’animation de la participation d’adapter les supports, mobilisés dans l’échange, à une demande sociale. C’est dans le projet en situation sociale (Boutinet, 2005) que s’ouvrent des perspectives d’innovation autour des outils et supports visuels dont dispose la fabrique architecturale et urbaine. J’ai mené une enquête ethnographique sur trois années en décrivant attentivement les échanges entre les « professionnels » et les « profanes » (Haumont, 2000).
Tout au long du processus d’échange, les supports visuels peuvent endosser plusieurs fonctions majoritairement déclinées en regard des étapes « classiques » du projet urbain : diagnostic, travail autour de scénarios, option finale (Mamou, 2010). La carte par exemple, possède à la fois une valeur pratique (se situer, connaître son itinéraire, localiser des espaces …) et une valeur que Pierre Lascoumes et Patrick Legalès considèrent comme idéologique (2005). Elle n’est pas un simple objet, mais bien un instrument, une ressource qui permet d’affirmer (ou d’infirmer) certaines choses (la maîtrise d’un territoire par exemple). C’est donc dans l’interaction et la manipulation que ces supports prennent leur sens social. Les réajustements qui s’opèrent autour de ces supports semblent réinterroger les compétences des architectes et les outils et supports visuels à disposition pour les adapter à un projet architectural et urbain plus « partagé ». Aussi, cette communication propose de montrer sur quels aspects précis ces ajustements « graphiques » s’opèrent, en tâchant de décrire leurs natures et les type(s) de représentation(s) du projet véhiculés.

(1) Sur l’ensemble des terrains d’étude, les animateurs principaux sont architectes de formation. C’est d’ailleurs valable dans la participation sur le projet urbain de façon générale.