LENNE Loïse

“Le jury du concours : la sélection comme étape du projet”

Le jury du concours : la sélection comme étape du projet
Directeur de thèse : Antoine PICON
Co-encadrant : Pierre CHABARD
Laboratoire OCS – ENSA de Marne-la-Vallée – ED 528
Rencontres Doctorales – 2015
Mots-clés : Concours, Jury, Critères de jugement, Grands Projets, Tête Défense

RÉSUMÉ : Le jury du concours : la sélection comme étape du projet
En situation de conception, l’une des opérations que l’architecte est amené à réaliser est la sélection parmi différentes options. La sélection est également un processus au cœur des concours d’architecture, des situations de production et de condensation d’idées. On demande alors à un jury d’analyser, de pondérer et de choisir parmi différents projets, qui, bien que dans ce cas conçus par différents architectes, peuvent être vus comme des alternatives. Il est ainsi possible de considérer le moment du jury en particulier comme une étape où certaines phases de la conception sont dévoilées (Collins, 1971), et même comme une étape de la conception du projet (Chupin, 2011) – moment dans lequel le client retrouve une forme de pouvoir sur le bâtiment à réaliser, par ce choix qu’il peut faire. Dans un concours, comme pour tout projet, un bâtiment est dessiné en fonction de choix réalisés par l’architecte, mais également extérieurs à lui.
Le concours ponctue la vie professionnelle des architectes. Ancré profondément dans la culture des Beaux-Arts par le grand prix de Rome, il est toujours présent dans la commande publique, et même une obligation en France au-dessus d’un certain seuil (Le Code des marchés publics, 2006) – bien que des inquiétudes existent aujourd’hui à son sujet –, tandis que les promoteurs privés sont incités à y avoir recours (Miqcp, 2012). Au sein des agences, le moment de la conception est souvent mal documenté, la « boîte noire » inexplicable (et donc également impossible à transmettre), étant parfois encore invoquée (Boutinet, 2012). Le concours, si les documents et les discours produits sont archivés, constitue dès lors une occasion rare d’analyser un processus analogue, voire assimilable à une situation de conception.
Nous proposons de nous pencher ici sur le concours international pour la Tête Défense de 1982, et ses 424 projets officiellement déposés, qui a abouti à la réalisation de la Grande Arche de Johann Otto von Spreckelsen. Nous nous intéresserons en particulier à la phase cruciale du jury, semaine au cours de laquelle les jurés débattent, comparent, sélectionnent, affinent leurs critères, avant de rendre un jugement final. Ce resserrement sur un moment délimité du concours nous permet de mettre en tension les différentes intentionnalités qui s’y jouent : la lecture et l’utilisation du programme, le rôle des différents jurés et de leur expérience personnelle, le rôle de chaque projet rendu, ainsi que l’ambition sous-tendue par les Grands Projets mitterrandiens. Cette analyse sera menée à l’aide de documents pour certains inédits, les archives du concours ayant été dépouillées : rendus des concurrents, grilles de votes, notes des jurés.

Bibliographie
Boutinet, J.-P. (2012). Anthropologie du projet. Paris: PUF.
Chupin, J.-P. (2011, février). Quand juger c'est concevoir un projet. ARQ (154).
Collins, P. (1971). Architectural Judgement. Londres: Faber&Faber.
Le Code des marchés publics. (2006). France.
Miqcp. (2012). Le Concours de maîtrise d’œuvre : dispositions réglementaires et modalités pratiques d’organisation. La Défense.
loise.lenne@univ-paris-est.fr