HODEBERT Laurent

Le projet d’architecture du sol urbain dans l’œuvre d’Henri Prost

Directeur de thèse : Catherine MAUMI
Laboratoire MHAevt – ENSA Grenoble – ED 454
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Urbanisme, Territoire, Re-dessin, Projet urbain

RÉSUMÉ :
La question qui a initié et guidé ce travail de recherche est celle de la culture et des outils de projet dans l’œuvre de Henri Prost. La vision des dessins de l’architecte nous interroge sur ce qu’ils contiennent, sachant qu’il ne laisse pas de grand texte ni de traité pour expliquer son œuvre et ses pensées ; alors comment évaluer et qualifier cette production ? Cette œuvre pose question de par la quantité de dessins qu’il a produit, l’échelle des projets qu’il a conçu et la longue durée de son engagement professionnel, tant comme praticien que pour diverses institutions.
Il est légitime alors de s’interroger sur ce qui se cache derrière la beauté et la qualité de ses dessins, sur la nature de son travail, entre territoires, paysage et villes. Mais la question centrale est bien celle des outils et méthodes de conception qu’il mobilise pour son travail de projet afin d’en comprendre les origines, les développements et les résultats sur les formes contemporaines des villes résultant de ses interventions.
La lecture de la liste détaillée du fonds Prost des archives du XXe de l’IFA nous montre que cette œuvre est bien plus riche et complexe que la connaissance commune que nous en avons par l’ouvrage publié par l’Académie d’Architecture en 1960, peu après sa mort. Elle ne peut se résumer à la question de « l’urbanisme », bien que Prost en soit un représentant de premier plan, elle nécessite donc un examen en profondeur, diachronique et avec les mêmes outils que ceux de sa production, c’est à dire les outils graphique de la conception architecturale appliqués à la question urbaine et territoriale. Cette œuvre mobilise des échelles et des outils que je désigne comme « l’architecture du sol urbain », qui est l’art de la conception des espaces urbain et des armatures territoriales par l’expression d’une culture spécifique du sol.
Une des méthodes de travail mise en œuvre dans cette thèse est l’analyse de ce processus de projet en redessinant une sélection de projets qu’il a élaboré et dont il a conduit la réalisation. Cette interrogation se fait par la mise au point d’un outil cartographique précis, en confrontant les cartographies numériques des villes concernées avec les documents graphiques du fonds Prost.
Cette procédure de re-dessin, qui emprunte aux savoirs faire des outils graphiques d’élaboration et de représentation du projet architectural et urbain (cartes, plans, coupes, etc…), permet de mettre en évidence la particularité et la variété des outils mobilisés par Prost, les formes récurrentes de son travail, les dispositifs employés par l’architecte urbaniste et l’évaluation de l’impact de ces projets sur la forme actuelle des villes où il est intervenu. Les résultats attendus concernent, notamment, les figures d’organisation spatiales qui fonctionnent comme des modèles, les influences théoriques de l’époque pionnière de l’urbanisme et les dispositions spécifiques mises en place par l’architecte.
Ainsi une des méthodes de cette recherche est de construire un matériau de corpus complémentaire aux dessins originaux de Prost, par la constitution d’un atlas des projets. Cet atlas permettra de disposer d’une collection cohérente de dessins pouvant servir comme matériau d’analyse pour chaque projet, pris individuellement, autant que d’outil comparatif des projets entre eux, une bibliothèque de dessins dans laquelle puiser pour fabriquer des comparaisons thématiques croisant les différents projets (site, paysage, séquences, etc.).
Les enjeux de ce travail sont dans la compréhension fine du processus de conception de Prost, afin d’en dégager les spécificités. Il s’agit d’expliciter la richesse du travail de conception qui est en jeu au travers des différents niveaux de résolution, et la complexité des imbrications entre les outils et les dispositifs mis en œuvre. Ceci afin de requalifier son travail et d’aller au-delà des questions de l’architecture des « Beaux-Arts » ou de « l’urbanisme ».