GRUSON François

Pour un doctorat de projet en architecture

Directeur de thèse : Antonella MASTRORILLI
Laboratoire LACTH – ENSAP Lille – ED SHS Université de Lille 3
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Recherche par le projet, Doctorat de projet, Création et recherche, Epistémologie de l’intuition

RÉSUMÉ :
La dernière réforme des études d’architecture a mis en place la notion de « domaines d’études », particulièrement en cycle de master. Un doctorat de projet en architecture permettrait de résorber l’écart entre la recherche et l’exercice même de la discipline, pour autant répondre clairement aux attendus scientifiques de toute recherche, c’est à dire l’acquisition de connaissances nouvelles, mesurables et reproductibles, notamment sur le processus de projet en tant que tel.
1 – Le projet comme outil de formation
On a vu apparaître dans de nombreuses filières de formation la notion d’« enseignement par le projet ». De leur côté, les écoles d’architecture en sont restées à la notion d’« enseignement du projet », la notion de projet étant prise comme une matière en soi, perpétuant des pédagogies consistant à former tel qu’on a été formé soi-même. Pourtant, en considérant l’architecture comme matière enseignée et le projet comme outil de son apprentissage, on clarifierait la relation de l’étudiant à la discipline architecturale et à ses méthodes d’acquisition et de pratique.
2 – De la recherche en architecture
L’activité de recherche reste trop souvent déconnectée des autres missions des écoles d’architecture. Certains chercheurs restent cantonnés dans des sujets parfois très éloignés des préoccupations pédagogiques des enseignants de la formation initiale, on constate aussi que ces derniers considèrent trop souvent la recherche comme quelque chose d’étranger à leur démarche d’enseignant. Un travail d’analyse comparative montre que, si le doctorat en architecture existe dans de nombreux pays, les méthodes adoptées prennent souvent des formes très diverses d’un pays à l’autre. En France même, la diversité des méthodes et des formes que revêt le doctorat est infiniment plus grande qu’on l’imagine trop souvent : l’Ecole Doctorale SACRe s’est par exemple constituée sur la base d’un rapprochement épistémologique entre création et recherche. Il serait profitable de la même façon d’ouvrir nos écoles à de nouvelles formes de recherche, et donc à de nouvelles formes de doctorats, dont le projet, et non plus la thèse académique, serait le paradigme.
3 – Pour un doctorat de projet en architecture
Dans la recherche appliquée, le but de la recherche c’est l’innovation. Curieusement, cette approche est trop peu répandue dans les écoles d’architecture, alors même que les futurs architectes vont se confronter aux profondes mutations qui sont à l’œuvre dans l’univers professionnel. En sciences comme en architecture, la recherche par l’expérimentation représente pourtant une méthode éprouvée : Vitruve et les grands traités ne proposent pas autre chose qu’une capacité à tirer des règles générales à partir de l’expérience et de sa répétition. On peut donc envisager la mise en place d’un protocole de recherche dont le projet serait le pivot, accompagné d’un véritable travail d’analyse critique consacré à la compréhension du réel et à la mesure des transformations de ce réel par le projet.