Du livre à la ville : le devenir de la bibliothèque publique et le rôle du projet d’architecture
Directeur de thèse : Jean ATTALI
Laboratoire ACS – ENSA Paris-Malaquais – ED 528
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Architecture, Bibliothèque publique, Espace urbain, Livre, Ville
RÉSUMÉ :
L’évolution des lieux collectifs est le fil conducteur à travers lequel il est possible de décrire l’histoire des installations urbaines. Autrefois considérés des lieux de masse, ils sont aujourd’hui toujours plus liés à l’âge, aux intérêts, aux revenus et surtout au commerce. C’est ainsi qu’on se demande davantage s’il existe encore des lieux de la ville qui puissent être réellement considérés intergénérationnels et multi-usages ou bien si cette sectorialisation ne favorise plutôt un dépaysement urbain et social qui impacte les nouvelles formes de l’habiter. L’homme moderne ne reconnaît plus la valeur identitaire des lieux collectifs urbains : obligé à l’isolement et aux rapports cybernétiques, il assiste désarmé à la disparition des lieux publics capables de réduire les conflits sociaux.
Or, la question est encore plus importante si l’on considère les nouvelles formes de mobilité et la diffusion des technologies numériques. Il en résulte une fragmentation générale, étendue à la société et à la ville, qui ne représente pas l’exacerbation extrême des conditions de vie d’une communauté mais le triomphe de la médiocrité, dont la répétition dans l’espace de formes, objets, typologies et pratiques toujours identiques est le réflexe.
En même temps, on aperçoit une demande toujours plus forte de lieux de vie, d’architectures ayant la capacité d’enrayer cette fragmentation. Les résultats de ma recherche démontrent que les bibliothèques conçues comme un espace urbain peuvent rentrer dans ces catégories d’architecture. Les investigations conduites ont considéré 86 bibliothèques afin d’extraire des éléments permettant de mieux cerner les nouvelles stratégies de conception des institutions culturelles et leur rôle à l’ère du numérique.
La proposition de communication se situe ainsi dans l’axe thématique 1. Les projets des bibliothèques, par le biais du dessin d’architecture, représentent un objet à observer, décrire et typer autant dans le cas d’un bâtiment à réaliser (par exemple l’étude du projet de la BMVR de Caen de OMA / Rem Koolhaas actuellement en construction) que dans le cadre des bâtiments déjà réalisés (dont un certain nombre n’ont été étudiés qu’à partir des dessins et de l’observation indirecte). Pour cette deuxième catégorie, il est possible de reconnaître dans les dessins une pratique de conception (selon le couple éthique/esthétique) au moins autant que, pour un bâtiment encore à réaliser, le seul dessin géométrique du créateur (selon l’idée de composition) est considéré un signe porteur d’un comportement projeté.
A partir de cela, on définit un nouveau modèle de bibliothèque publique, capable de (re)consolider le lien entre la ville et l’homme contemporain. Bibliothèques mises à part, on peut étendre la question aux autres lieux publics qui répondent maintenant à une double demande liée à leur fonction primaire et au rôle urbain qu’ils assurent pour la simple raison d’exister, d’être un nœud dans le grand réseau de la mobilité des citoyens.