DUGAVE Chantal

Du lieu à la réparation. Le rôle du projet artistique au camp de Rivesaltes

Directeur de thèse : Xavier BONNAUD
Laboratoire GERPHAU (UMR 7218 MCC /CNRS – LAVUE) –Université PARIS 8
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Site, Récit, Mémoire, Architecture, Art, Réparation, Nouvel objet, Projet.

RÉSUMÉ :
La communication présente comment une pratique de projets artistiques est capable de produire de la connaissance.
Le parcours de l’architecture à l’art plastique est fondateur de ma démarche professionnelle. L’une m’a amenée à la compréhension de la mise en œuvre de l’espace et l’autre m’a poussée à approfondir la réflexion sur la représentation et le sens qui s’y rapporte. Cette transversalité de disciplines ouvre des champs d’exploration, elle permet d’aborder le projet sous différents angles, de donner plus de matière pour prospecter et comprendre ce qui est en jeu.
Mes travaux tentent de fabriquer du sens. Construits dans des contextes particuliers comme le conflit, la maladie ou la guerre, ils cherchent à créer des récits qui permettent d’aborder la complexité du monde en donnant à voir des réalités contradictoires. A partir de cette pratique, avec le questionnement qu’elle contient et les problématiques qu’elle suscite, j’ai engagé une recherche création. On peut rapporter le processus de création à trois éléments : le sujet (qui pense et qui fabrique), l’objet (qui est produit) et le faire (la production de l’objet par le sujet). Chacun de ces éléments est éclairant pour la compréhension de l’acte lui-même. C’est le thème de la recherche création : comment ne pas séparer la pensée de l’action.
Le terrain de recherche est le camp de Rivesaltes. Ce territoire est emblématique de l’Histoire de l’Europe du 20ème siècle, témoin des déplacements forcés de populations et de leur mise sous contrôle. Mes pièces artistiques visent à ouvrir d’autres récits possibles, d’autres interprétations. Brouillant les identités, créant des situations imprévues, elles déroutent mais donnent aussi à voir la réalité autrement. Le but n’est pas d’apporter des réponses toutes faites mais d’inciter au dialogue, au questionnement.
A quelles conditions proposer un récit différent permet-il de réinterpréter l’Histoire ? Le projet est-il une tentative de la réparer ?
Jacinto Lageira notait : “ La réparation n’est pas une restauration mais plutôt la création d’un nouvel objet dans lequel se mélangent différentes histoires, des expériences sociales et personnelles  ”.