DOUZI Amir

L’architecte-chercheur : Genèse d’une pensée de « l’entre-deux »

Directeurs de thèse : Christian PEDELAHORE et Serge WATCHER
Laboratoire IPRAUS – UMR AUSSER 3329 – ENSA Paris Belleville – ED528
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Zwischenstadt – Entre-deux – Projet – Processus – Pratiques

RÉSUMÉ :
A l’heure de la métropolisation, la transformation de la ville contemporaine met au-devant de la scène l’émergence des « nouveaux espaces » porteurs d’une urbanité en gestation aux franges des métropoles. Ces espaces de l’entre-deux dessinent ce que Sieverts qualifie de « Zwischenstadt »(1). A différentes échelles et sous différentes formes, ils dessinent un paysage où des nouvelles formes de vie apparaissent à l’ombre de l’économie concurrentielle de la métropole. Cela dit, « les territoires contemporains et leurs transformations, à la ville comme aux champs, laissent les pratiques urbanistiques traditionnelles bien désemparées. Les “modèles urbains” ne permettent bien souvent ni de comprendre la réalité de l’urbanisation ni de la maîtriser… Par rapport à ces modèles, le ménagement de l’espace en gestation réclame à la fois un élargissement de perspective, pour sortir de cocon théorique de “la ville” et embrasser le territoire dans son ensemble, et une interprétation plus fine des situations locales et de leurs particularités négligées »(2).
À l’image des mutations que subit la ville et avec l’avènement de la nouvelle condition territoriale, l’architecte et le chercheur se trouvent dans un dilemme, face à une difficulté majeure : se situer. En partant de notre travail de thèse sur les « nouveaux espaces émergents », nous proposons un aperçu des difficultés de recherche rencontrées concernant le va-et-vient entre empirisme, conceptualisation (théorique) et pratique (de projet). Cet aperçu révèle la dualité de la posture du chercheur en sciences humaines et sociales dont le travail se situe dans « l’entre-deux de l’observation singulière et du concept universel »(3). Qu’implique cette double tension dans le travail quotidien du chercheur en général et de l’architecte en particulier ?
Pour ce faire, nous proposons de faire “travailler” le concept de l’« entre-deux » pour dépasser sa seule acception comme un objet territorial vers un « espace de sens », un espace de médiation entre concept et projet, entre recherche et action, entre théorie et pratique. Cette approche permet d’être dans un espace d’« hybridation» dynamique et flexible, un espace « absolument autre »(4).
En s’inscrivant dans une problématique de production cognitive par l’expérimentation projectuelle, l’un des aspects principaux de notre démarche est centré sur le Projet comme posture et comme processus favorisant une investigation autour du couple Recherche/Action et permettant l’approfondissement d’une connaissance réflexive et critique de l’architecture et de l’urbanisme, dans l’idée que “projeter”, c’est avant tout “connaître”. Pour illustrer notre démarche, nous partons de notre terrain d’étude et d’action, le grand projet de territoire de l’Axe Est-Ouest/ Strasbourg-Kehl, à cheval entre deux pays France et Allemagne pour voir comment le projet comme processus qui, à la fois mobilise et met à l’épreuve des savoirs déjà constitués, engendre des significations sociétales diverses et débouche sur la formulation de questionnements producteurs de connaissances nouvelles sur lui-même et sur ses objets.