CHAVARDES Benjamin

La critique opératoire et la recherche historique comme source de théorisation du projet

Directeur de thèse : Alix AUDURIER CROS

Laboratoire ART-Dev – UMR 5281 – ENSA Montpellier – ENSA Lyon – ED 60

Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Critique opératoire, Paolo Portoghesi, Théorie de l’architecture, Histoire de l’architecture, Italie

RÉSUMÉ :
Cette communication prend pour origine la recherche qui vient de s’achever sur la personnalité de Paolo Portoghesi et son rôle dans le débat architectural de la seconde moitié du 20ème siècle. Elle a pour objet de montrer, à travers l’exemple de cet architecte italien, comment l’étude historique peut constituer un support pour le développement d’une théorisation du projet architectural. Nous esquisserons ainsi une définition de la critique opératoire, avant d’analyser les méthodes employées et son usage dans la conception architecturale.
DÉFINITION(S) – Le lien entre l’histoire et le projet est, dès sa création, au cœur de la définition de l’enseignement à la faculté d’architecture de Rome par Gustavo Giovannoni. C’est dans ce cadre que se développe la figure de l’architecte-historien dont plusieurs donneront une définition de la critique opératoire à l’image de Manfredo Tafuri dans Teoria e storia dell’architettura, de Bruno Zevi lors de son discours intitulé « »La storia come metodologia del fare architettonico » ou bien encore de Paolo Portoghesi. Pour l’architecte, il s’agit de définir l’utilité de la recherche historique pour la conception architecturale et urbaine.
MÉTHODE(S) – En plus de l’étude des sources traditionnelles chères à l’historien, l’architecte exploite ses propres méthodes et utilise les outils de communication comme moyen d’investigation. C’est ainsi que se développent la photographie critique, les dessins de reconstruction du projet (axonométrie plafonnante et schémas interprétatifs) et les maquettes interprétatives. Cette production de matériel original n’est pas sans poser de problèmes d’objectivité comme l’illustre le débat entre Zevi et Portoghesi. Ce dernier cherche dans l’abstraction une médiation entre histoire et projet et, dans les pistes de recherche inexploitées de l’histoire, le moyen de dépasser la référence esthétique pour explorer les problématiques projectuelles.
PRATIQUE – Si la critique opératoire a été définie par d’autres historiens, elle n’a pas pour autant abouti à une théorisation et une pratique du projet architectural. Manfredo Tafuri et Bruno Zevi ont rapidement fait le choix de la recherche historique au détriment de la pratique du projet architectural. Paolo Portoghesi, lui, a poursuivi parallèlement les deux activités. Les projets, conçus à partir de sa théorie de l’espace comme système de lieux, illustrent le caractère opératoire de ses analyses. La critique opératoire permet ainsi de positionner clairement la recherche historique dans la recherche architecturale.

Cette communication s’appuiera naturellement sur les publications de Paolo Portoghesi mais également sur les archives et un ensemble d’entretiens construits avec Paolo Portoghesi, ses élèves, ses collaborateurs et ses contradicteurs, qui ont nourri cette étude et permis de recueillir la mémoire vive avant qu’elle ne se perde.