AUZIOL Brigitte

Directeur de thèse : Marie-Sylvie POLI
Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse – UMR 8562-EHESS-UAPV-CNRS – ED 537
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Projet, Intention, Exposition, Phénoménologie, Dispositif

RÉSUMÉ :
Le projet peut être étudié comme opération de conception qui questionne les notions de processus, de problème et de perception (Boudon, 2004). Vigano (2014) soutient l’hypothèse que le projet est un dispositif cognitif, une forme d’étude et de recherche qui se nourrit d’interactions et reconnaît des situations. Ces deux approches relèvent du registre de l’action du concepteur. Une autre manière d’aborder le projet de manière réflexive est de s’intéresser à la phénoménologie de l’expérience architecturale (Younès, 2014, pp.31-41), c’est-à-dire à la manière dont s’engage l’expérience de l’usager avec l’environnement construit. C’est plutôt dans cette posture que nous avons engagé la relation à notre objet de recherche, l’exposition de design. L’intérêt épistémologique de cette approche est d’explorer cette autre dynamique du projet, celle de « l’œuvre de l’art » comme dirait Genette (2010), de son implémentation (Goodman, 2009), de son expérience (Dewey, 2014). Nous présenterons comment et pourquoi nous cherchons dans le cadre de cette étude à articuler la logique projectuelle (Vial, 2015) évoquée en introduction avec une approche clairement située du côté de la réception.
Faisant référence en muséologie à Davallon (1999, p. 9), nous posons l’hypothèse que l’exposition peut être envisagée comme un dispositif communicationnel, qu’elle « répond à une intention, c’est à dire à un but ou à une volonté de produire un effet ». Prenant ce même parti, nous proposons donc une approche communicationnelle du projet.
Le concept d’intention est ici central. Nous l’étudierons d’après Boutinet (2008) mais aussi dans la perspective que propose Anscombe en philosophie analytique (2002, p. 158) : « ce qui peut se lire dans les actes et les productions du sujet » et celle de Baxandall (1991) en histoire de l’art, qui tente une compréhension de l’œuvre par une reconstitution des circonstances qui ont amené le créateur à la proposer sous une forme particulière.
Dans notre thèse, chaque situation de visite d’exposition va être l’objet d’une description phénoménologique où le chercheur en position de visiteur sera attentif à observer les caractéristiques de la situation à partir des effets qui se manifestent sur lui. Dans un deuxième temps, il se livre à un travail interprétatif qui lui permet d’accéder au sens porté par le dispositif d’exposition et qui se fait jour à travers cette visite particulière. Enfin, il vérifie grâce à des interviews du scénographe et du commissaire, l’adéquation de l’intention du dispositif analysée à celle des concepteurs de l’exposition. Cette démarche autorise une lecture des expositions sélectionnées dans notre étude, ce qui permet d’en préciser les dimensions intentionnelles ou communicationnelles et d’accéder à ce que nous considérons comme l’essence du projet.
Cette ligne qui prend carrément à rebours la chronologie du projet, permet on le verra, une excellente intelligibilité de celui-ci dans ses manifestations les plus remarquables. Elle introduit une construction pertinente du sens du projet. Nous postulons qu’au-delà de notre objet d’étude, la méthode proposée dans cette thèse peut être étendue à d’autres situations de projet.