DENOYELLE Angèle

Le projet dans les jardins historiques comme outil de conservation

Directeur de thèse : Jean-Paul MIDANT
Laboratoire IPRAUS – ENSA Paris Belleville – ED VTT
Rencontres Doctorales – 2015
MOTS CLÉS : Jardins Historiques, Conservation, Restauration, Création dans les monuments, Monument vivant

RÉSUMÉ :
Mon travail de thèse est centré autour des pratiques de restauration des jardins et étudie notamment la manière dont on adapte la doctrine au travail de terrain. Dans ce cadre, je m’intéresse particulièrement à la place de la création contemporaine – et donc du projet – dans le processus de conservation.
S’il a d’abord été difficile de reconnaître une valeur patrimoniale aux jardins, il est plus difficile encore d’y intervenir, et de se positionner en tant que concepteur dans son histoire et dans son cycle de vie.
Aujourd’hui, dès lors que les jardins sont protégés, ce sont les architectes-en-chef des monuments historiques qui y interviennent et qui ont la charge de les restaurer. La majorité d’entre eux tend plutôt vers des restaurations « à l’identique » d’un état passé qui a disparu, afin de rendre au jardin historique ses lettres de noblesse.
Actuellement, la re-création, qui propose en quelque sorte un projet de réactualisation du jardin, semble être pourtant la position privilégiée du ministère comme des historiens des jardins, et ce, malgré un texte de doctrine très ouvert.
Néanmoins, dans un monument existant, porteur de toute son histoire, quelle forme peut prendre cette création ? Peut-elle être un outil de conservation au même titre qu’une restauration à l’identique ?
Pour tenter de répondre à ces questions, je propose de nous intéresser, ici, au cas du Jardin des Tuileries, qui est probablement l’un des jardins les plus anciens de Paris, et qui a été restauré à la fin du XXe siècle par une création des paysagistes Pascal Cribier et Louis Benech.
Concrétisation de la nouvelle politique ministérielle en faveur des jardins, cette grande opération fait donc appel, pour la première fois, à des paysagistes qui portent un regard neuf le devenir des Tuileries.
Plutôt que de recréer un parterre de broderies façon Le Nôtre, Cribier et Benech ont pris le parti de dessiner un jardin des Tuileries contemporain, tout en respectant son histoire. Durant toute son existence, le jardin a été transformé et remis au goût du jour suivant les modes successives. Seule sa structure a perduré. Les paysagistes se sont donc positionnés dans cette continuité et, tout en rendant hommage aux travaux précédents, ont imaginé un parterre et des bosquets plus contemporains, davantage en adéquation avec le public et les usages actuels du jardin.
Le jardin, monument vivant, l’est par son matériau principal mais aussi par cette dynamique cyclique d’évolution. Le concepteur d’aujourd’hui ne reçoit pas un jardin, mais plusieurs jardins en héritage, et plutôt que d’en transmettre un état figé, brusquement arrêté, pourquoi ne pourrait-il pas devenir lui-même, par son projet, un maillon de cette chaîne de transformations et ainsi contribuer à la conservation de ces monuments singuliers et pas d’une image idéalisée ?