Programme

Jour 1 (après-midi) — Modernité et transparence : de l’utopie de l’architecture de verre à la réalité constructive de l’architecture paramétrique

  • 14h 00 : Stéphane Hanrot et Anne-Valérie GascIntroduction générale ;
  • Maria Stavrinaki — Élan d’autodissolution : politique et mysticisme dans les utopies expressionnistes d’architecture de verre

Ce qui caractérise les dessins utopiques d’un Bruno Taut ou d’un Hans Scharoun est une conception de l’architecture comme vecteur d’autodissolution du moi au sein du cosmos et de la communauté. Je suivrai les dispositifs formels de certains dessins, afin d’y découvrir les théories mystiques et politiques qui les nourrissent au risque de les conduire à se dissoudre dans le Néant ;

  • Marine BagnerisL’ordre algorithmique

Le continuum numérique peut suppléer la complexité de perception d’un objet architectural tant par sa forme, son comportement structurel et sa fabrication. Il en résulte que les justifications d’une pré-existence virtuelle conditionnent la perspective d’une réalité matérielle. Le contrôle du processus de conception s’opère par un nouveau dialogue que les acteurs (architectes, ingénieurs et entreprises) doivent entretenir avec les machines par l’intermédiaire du code informatique. En s’appuyant sur le cas d’étude d’une structure en pierre massive précontrainte, l’intervention proposera d’illustrer les enjeux d’un langage comme persistance de la pensée au sein du projet ;

  • Ivry SerresMatérialité / Immatérialité : une éducation architecturale

« La parole est l’homme même. Nous sommes faits de paroles. Elles sont notre unique réalité ou, pour le moins, l’unique témoignage de notre réalité. Sans langage, il n’est pas de pensée, non plus que d’objet de connaissance : la première démarche de l’homme devant une réalité inconnue est de la nommer, de la baptiser. Ce que nous ignorons est ce qui ne peut être nommé. Tout apprentissage commence par l’enseignement du nom précis des choses et prend fin sur la révélation du mot-clé qui nous ouvrira les portes du savoir. » Octavio Paz ;

  • Emmanuelle Chiappone-PiriouMatérialismes Post-Digitaux

Les outils numériques tiennent aujourd’hui une place majeure dans la conception, la représentation et la fabrication architecturales. Dans notre ère post-digitale, l’architecture renoue avec un matérialisme qui semblait avoir fait les frais, dans le courant des années 1990, de la fascination pour l’immatérialité, pour le cyberespace comme dimension parallèle et pour le virtuel qui a accompagné l’introduction et la généralisation du numérique. L’intervention examinera les mécanismes et les implications de ce nouveau matérialisme. Au-delà des conditions de production de l’architecture, qui se trouvent renouvelées par l’intégration verticale des compétences et des techniques au sein d’un continuum numérique, on examinera l’émergence d’une nouvelle ontologie   architecturale, matérialiste et dynamique, qui s’établit sur une équivalence de la donnée avec le réel ;

  • Question / tables-rondes. Modérateur : Ana Chuburu ;
  • 18h00 : Ana Bela de Araujo : Présentation de la publication « L’architecture et la disparition » des  Cahiers Thématiques #16 du LACTH de Lille ;
  • 19h00 : Maeva Aubert — Poétiques du Brutalisme
    (Programmation vidéo d’une durée de 1h20)
    Poétiques du Brutalisme

Cette programmation vidéo prolonge la réflexion en ouvrant la notion d’architecture du temps à celle des ruines du Brutalisme vers un ailleurs dont les préoccupations artistiques et poétiques présentent des similitudes avec ces problématiques.

  1.  Chris Burden, Beam Drop, 1987, 7 mn
  2.  Louidgi Beltrame, Gunkanjima, 2010, 33 mn
  3.  Nicolas Moulin, Interlichtengespentereinzuladendarandenken, 2010 ,12 mn
  4.  Jordi Colomer, X-Ville, 2015, 23 mn

Jour 2 (matin) — Patrimoine et recyclage : de la muséification à l’évolutivité de l’architecture de pierre

  • 9h 00 : Harold KlingerLes nouveaux centres anciens

De la rénovation urbaine sauvegardée, relecture et perspective pour un patrimoine récent ;

  • Matthieu PoitevinAprès la réponse : Pour une architecture désobéissante ;

Les bâtiments idéologiques comme spectaculaires sont « mort-nés » car finis à livraison, incapables de poser question et d’accompagner une durée d’usage (une architecture sans durée de vie) et toujours maintenus, en tant qu’objet, « à l’identique » (une architecture non inscrite dans le temps de la vie). Une architecture désobéissante et inachevée est alternative à l’architecture achevante  héritée de la modernité comme à l’architecture consensuelle de notre société actuelle ;

  • Pierre-Alain TréveloConstruire dans le temps : la scénarisation

La scénarisation est une méthode de projet originale développée par TVK qui vise à conduire la transformation du territoire par une prise en compte active du temps et des périodes qui peuvent le composer. Là où la planification traditionnelle ne définirait que l’état le plus lointain comme un objectif ultime et idéal à atteindre, la scénarisation constitue à l’inverse un processus qui considère l’épaisseur temporelle d’un territoire et place ses multiples temporalités et les aléas du contexte au cœur de l’élaboration du projet. Cette démarche emprunte aux techniques employées par les scénaristes de séries télévisées qui, à partir d’un document initial fixant les fondamentaux d’un récit global, sont en mesure de le décliner en plusieurs saisons à la fois autonomes et interdépendantes, tout en étant écrites à plusieurs mains. Pierre Alain Trévelo montrera comment cette méthode et permet de structurer les manières de concevoir, construire et transformer des bâtiments, des espaces publics ou des infrastructures ;

  • Alexandre de la FoyeL’architecture face aux séismes : De la permanence fragile au sacrifice ductile

De la statique à la dynamique, de l’élasticité à la plasticité, de la massivité à la légèreté, de la  verticalité à l’horizontalité ou du déterminisme au probabilisme, les récentes évolutions du génie parasismique ont largement contribué aux changements de paradigmes de l’ingénierie des structures ;

  • Marie BovoLa photographie révélatrice de Spatium

Quelles nappes de temps affleurent à la surface du présent ? Quels lieux engendrent les espaces ? Quel est la nature de l’endroit où l’on se tient ? C’est à partir de ces interrogations qui traversent tout mon travail photographique, que j’aborde la notion de spatium ;

  • 11h25 : Question / tables-rondes. Modérateur : Gabriele Salvia, doctorant

Jour 2 (après-midi) — Accélération contemporaine : Architecture d’air, architecture du vide et disparition de l’architecture

  • 14h00 : Pascal Urbain — De la procrastination

Faire un projet, c’est résister à l’envie de se jeter dans la bataille, c’est suspendre son geste. À force de dire que tout va de plus en plus vite (ce qui est faux), qu’il faut être sur la brèche (ce qui est vain), on en vient à oublier que l’architecture pétrifie le geste suspendu de l’architecte

  • Aurélien Vemant — Monolithes : Vers une architecture d’atmosphères

Traversant l’histoire de l’art, le monolithe, « fait d’une seule pierre » est toujours marqué du sceau d’une double nature, à la fois tellurique et mentale. Emblème de la permanence, point d’origine ou   tombeau, il engage l’histoire et la représentation. « Obscure clarté » de la nature humaine, le monolithe se donne comme un oxymore, le lieu d’une condensation paradoxale où l’hermétisme ouvre au champ de la transcendance.
Questionnant l’architecture dans son rapport à la fondation, à l’espace et au temps, la « non-forme » du monolithe revendique une complexité extérieure au rationalisme. De Stonehenge à Stanley Kubrick (2001 : l’Odyssée de l’espace, 1968), d’Hans Hollein à Bunker Archéologie (Paul Virilio et Claude Parent), ce fil métaphorique nous permettra d’entrevoir les formes radicales d’une « architecture psychique » et atmosphérique

  • François Perrin — Les Maisons de l’Air : Une Architecture pour un nouveau climat

Le micro-climat de la serre botanique du Garfield Park à Chicago, environnement idéal pour un prototype d’habitation « Grandeur Nature ».
Suspendues au cœur de la canopée, les Maisons de l’Air proposent une approche flexible et légère d’édifices qui servent d’abris et dialoguent avec les conditions climatiques acceptant, rejetant ou recyclant l’ensoleillement, le vent, la pluie afin de créer un confort maximum et d’optimiser les ressources naturelles

  • Christophe Berdaguer et Marie Péjus — Psychoarchitecture

A la manière des « histogrammes d’architecture » de Superstudio (1969), l’architecture est devenue diagramme mental, sans début ni fin. L’utopie est sans cesse réinterprétée, mise à l’épreuve de ses propres conditions de réalisation et finalement toujours remise en mouvement. En cela les projets de Berdaguer et Péjus dépassent l’utopie négative et s’attachent plutôt chaque fois à mettre en place un protocole contaminant qui fonctionnerait plus comme un virus que comme un antidote. Sandra Adam, Utopie déprimée (monographie ed. Manuella, à paraître)

  • Philippe Rahm (sous réserve) — Architecture inspirée

L’architecture de Philippe Rahm se définit, se dessine et se nomme, en creux : elle n’est jamais prédéterminée, ni par des noms, par des usages ou des fonctions convenus, ni par un dessin préalable, une écriture plastique d’auteur. Non signée et pourtant loin d’être anonyme, l’architecture de Philippe Rahm est une soustraction : elle se loge entre les flux d’air et les taux d’humidité, à l’intersection des courants énergétiques et des taux de pollution. Architecture du vide, souvent projectuelle et quasi invisible initialement, l’écoute grandissante apportée à la démarche de l’architecte favorise de plus en plus l’apparition construite de son architecture, l’expérimentation pratique de son usage. Dès lors la question est de savoir comment désigner un espace innomé ? Comment dessiner une architecture invisible ? Comment habiter cette dissolution ?

  • 16h30 : Question / tables-rondes. Modérateur : Florent Chiappero, doctorant
  • 17h30 : Anna Guilló : Présentation de la revue Tête-à-Tête, numéro spécial
    « Disparaître »
  • 17h45 Jean-Marc Zuretti et Stéphane HanrotConclusion générale
  • 19h00 : Visite privée de la Foire Internationale d’Art Contemporain ART-O-RAMA.

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