La question de la matérialité et « La Maison 2030 »

ENSAP LILLE

Enseignants

Semestre d’automne :
Didier Debarge (MA – TPCAU – responsable pédagogique) ;
Damien Antoni (MAA - TPCAU) ;
Bertrand Verney (MAA – TPCAU) puis Gaël Huitorel (MA - TPCAU) à partir de septembre 2016
Ghislain His (Pr – TPCAU – responsable scientifique) ;
François Lacoste (MAA- STA) ;

Semestre de printemps :
Vincent Ducatez (MA – TPCAU – responsable pédagogique) ;
Ghislain His (Pr – TPCAU – responsable scientifique) ;
Adrien de Bellaigue (MAA- TPCAU) ;
François Lacoste (MAA- STA)

Partenaires

Association loi 1901 « Habiter 2030 »
SPLA « La Fabrique des Quartiers »
École des Mines de Douai
École nationale supérieure d'ingénieurs en informatique, automatique, mécanique, énergétique et électronique – Université de Valenciennes
École Supérieure d’Art et de Design de Valenciennes
Groupe Rabot Dutilleul

Objectifs

  • Quelle place pour l’architecte dans la résolution de questions sociales et économiques humbles, associées à l’amélioration thermique massive de l’habitat ancien, la transition énergétique et la précarité, un projet dont les architectes font actuellement peu partie ?
  • Quelles mutations des pratiques professionnelles pour mieux accompagner et améliorer les niveaux d’expertises et de propositions (des réponses sur mesure ou des réhabilitations généralisables ?) ?
  • Comment accompagner l’apparition de nouveaux usages : chantiers en auto-construction, jardinage collectif, partages de compétences, mutualisations habitantes, solidarités générationnelles ou écologiques, etc. ?
  • Quelles sont les questions urbaines ou paysagères posées par ces modifications culturelles des modes de vie autour de la gestion de l’eau, des ordures ménagères, de l’éclairage public, de l’utilisation et l’appropriation de l’espace public, etc. ?
  • Comment former les architectes pour favoriser les pratiques collaboratives avec des acteurs autres, hors de leurs domaines de compétences habituelles ?
  • Comment capitaliser dès l’école et hors de l’école (partenariats académiques, institutionnels et économiques) les acquis théoriques et pratiques des projets étudiants en considérant l’enseignement comme une production de connaissances et non pas comme un transfert de savoir existant ?
  • Quel rôle pour la technique et ses normes, règles, labels qui ne doivent jamais faire perdre de vue l’objectif initial : améliorer qualitativement la vie des habitants : comment la transition écologique peut-elle devenir prétexte à poésie ?
  • Comment la conservation du patrimoine et de ses ornements peut être source d’innovation ?
  • Comment mettre en œuvre une pédagogie partagée avec d’autres : l’empirisme des allers-retours entre démonstrateur à l’échelle 1 et modèles numériques pour émettre et vérifier les hypothèses ?

C’est à l’ensemble de ces questions que tente de répondre cet enseignement qui propose d’interroger la question de la matérialité de l’architecture, que celle-ci concerne la culture constructive ou celle, plus invisible, du confort (thermique, luminosité, qualité de l’air, acoustique, etc.). Il part du constat que la démonstration esthétique des bâtiments neufs n’est plus l’enjeu prioritaire de l’architecture, et que la réhabilitation de masse des logements existants, en particulier en matière énergétique, est d’une pertinence contemporaine majeure. Cette analyse s’inscrit dans le constat énoncé dès les années 80 par K. Frampton, entre autres, de la nécessité absolue pour les architectes de se préoccuper des dimensions constructives dans un champ large (de la politique à la poétique) plutôt que de participer au spectacle. Son objet d’étude est la maison “type 1930”, réellement construite entre 1850 et 1950, type très répandu dans toute l’Europe du Nord : des parcelles en lanière avec un seul mur mitoyen porteur entre deux maisons de 2 à 3 niveaux, construites en brique, d’une largeur standard comprise entre 4m et 6m, c’est-à-dire la portance maximale d’un madrier. Elles sont l’unité de base du quartier, telle une réponse pragmatique ancestrale aux nécessités de l’économie, du phasage, de l’urbanité d’une rue voire du climat. Cet enseignement participe des préoccupations de la Région Nord-Pas de Calais, en particulier autour de la “Troisième Révolution Industrielle”, selon l’expression popularisée par Jeremy Rifkin, en ce qu’elle intéresse l’architecture : redéfinition des métiers, de l’économie (dont production, transformation et distribution de matériaux et matériels), des rapports citoyens et de la mise en œuvre.

Déroulement

La spécificité de ce domaine d’études est de travailler la problématique des relations entre architecture et matière ou, pour le dire autrement, des liens qui articulent l’architectural, qui serait de l’ordre du penser, à l’architectonique, qui serait de l’ordre de la réalité matérielle. L’hypothèse sous-jacente est que le réel est une condition de la poésie, mais aussi que le fait architectural fait coïncider le manuel et l’intellectuel. C’est le lieu de l’élaboration progressive d’une pensée critique en actes qui mobilise divers domaines : – l’histoire de l’architecture mais aussi l’histoire de l’art en lien avec l’histoire des sciences et des techniques (épistémologie). L’origine de l’architecture est toujours en débat entre la structure (abbé Laugier) et la texture (Semper). Le matériau lui-même est-il un récit ? La création architecturale passe t’elle par une invention technique ? – l’art et, particulièrement, les interactions entre la forme et la matière. La forme peut-elle être pensée indépendamment de la matière ? Si oui, quelle est sa substance ? Si non, la matière induit-elle une forme ? Quelle est l’échelle de la matière ? La construction peut-elle être un art ? La lumière est-elle un matériau d’architecture ? – la philosophie, avec par exemple la question de la technique, mais aussi la phénoménologie et ses questionnements sur l’expérience et l’intuition sensible. Comment penser la matière ? La matière peut-elle être une représentation ? Le matériau est-il une culture ? Les enseignements y développent par conséquent des démarches fortement liées aux aspects physiques de l’architecture. Ils travaillent selon diverses modalités des questionnements similaires : – sur les questions constructives (structure, enveloppe, assemblages) – sur la mise en œuvre de la matière dans le projet d’architecture (chantier) – sur la matière elle-même (économie, texture. Les enseignements proposent par conséquent d’affronter le réel sans l’idéaliser pour mieux le transformer, l’inventer, en apprenant par l’expérience, par l’action (s’engager, faire, défaire, refaire). La matière est pensée ici dans ses dimensions technique et sensible autant que sociale.

Production

A VENIR
La perspective d’une participation au concours inter-universitaire « Solar Décathlon Europe » fut un catalyseur important de la structuration du Domaine d’Etudes dont les avancées majeures se poursuivent en dépit de l’incertitude concernant l’avenir de ce concours.

  • Fonctionnement d’une Unité d’Enseignement associant projet sous l’égide du champ TPCAU et d’un TD du champ STA.
  • Identification du Domaine d’études dans et hors l’école.
  • Création d’un axe « Matérialité » dans le LACTH, le laboratoire de recherches de l’école – avec le recrutement d’un chercheur post-doctorat.
  • Affirmation des méthodes pédagogiques (de la mise en œuvre de la matière aux partages de la définition des objectifs et de leur évaluation avec les étudiants).
  • Capacité à mener un objet d’études pluriannuel – la rénovation de la maison 1930 – tout en respectant la semestrialisation complète des études : c’est-à-dire qu’entre les deux semestres d’automne et de printemps, les sujets d’études, les enseignants et les étudiants changent.
  • Mise en place d’une structure associative – « Habiter 2030 » – permettant la mise en œuvre de projets collaboratifs ambitieux par leur physicalité (transformer des maisons existantes), les moyens financiers (réunir un budget de 2M€ pour un Solar Decathlon), les enjeux techniques (modéliser un archétype, fabriquer une imprimante 3D béton), le partage de la connaissance, la mise en réseaux des acteurs institutionnels et académiques et des partenaires industrielles.
  • Capacité de l’École à produire de la connaissance ou des méthodes depuis le cycle master. Par exemple, l’exposition issue des travaux de 4 semestres successifs et des récents PFE du Domaine d’études – organisée à l’initiative des étudiants – sert actuellement à la réflexion de nombreux bailleurs sociaux de la région.

Les actions à venir sont :

  • La poursuite du travail sur la transformation des maisons existantes avec la réalisation et le suivi scientifique de prototypes en grandeur réelle – devant permettre d’améliorer la connaissance théorique du comportement thermique du bâti existant et d’innover tant dans les questions techniques, architecturales, sociales voire politique.
  • La mise au point d’une imprimante 3D béton et l’exploration formelle et constructive de ses applications
  • La mise en place de thèse de doctorat sur ces sujets,
  • La constitution d’un réseau international de réflexions pédagogiques sur l’enseignement par le faire.
  • Le renforcement progressif de l’association « habiter 2030 » créée pour soutenir ces projets vers un Institut de la Création, fédérant à échelle régionale et transfrontalière l’ensemble des partenaires académiques, institutionnels et industriels.

Cursus

Master 1 et Master 2

Site Web

Publications

http://www.lille.archi.fr/index.php?ID=2046389

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Contacts

v-ducatez@lille.archi.fr
g-his@lille.archi.fr